Mais que trouvent-ils donc de si intéressant sur le goudron, pour s’y aventurer au mépris du danger ? Il paraît qu’ils n’aiment pas marcher sur une route goudronnée, et ne tiennent pas tant que ça à la traverser, surtout si elle est là depuis longtemps, car ils préfèrent de beaucoup longer les talus. Mais alors ???
Eh bien, tout simplement, ils s’y aventurent pour manger... après une bonne pluie, des Vers de terre qui se tortillent sur l’asphalte mouillé, des Insectes qui s’y rassemblent, ou des animaux écrasés, parce que, contrairement à ce qu’on croit trop souvent, les Hérissons sont omnivores opportunistes (et non des insectivores stricts)
Oui, mais voilà, le progrès technique, c’est dangereux. Et si le moyen de défense adopté depuis des temps immémoriaux (se mettre en boule) est efficace contre les prédateurs à 4 pattes, c’est complètement inopérant contre les écraseurs à 4 roues (surtout quand les conducteurs font exprès de...).
En tout cas, sur notre terrain, les Hérissons n’ont pas ce souci. Ils squattent les branches mortes mises en tas, le compost, les haies, les Herbes de la Pampa ou les touffes de Glaïeul sauvage où il est si facile de se cacher...
J’en rencontre parfois, au pied de la haie, un ou l’autre qui grommelle parce que je l’ai dérangé dans sa sieste. Il m’est arrivé d’en sortir un d’un trou où il était tombé (aïe, ça pique) ou de la mare dont il n’arrivait pas à escalader les bords trop lisses. Il paraît pourtant, que quand il veut, le Hérisson est un bon grimpeur: en quelques secondes il peut escalader un grillage de 2 m de haut, se hisser sur une palissade ou monter sur un arbre fruitier... et pour en descendre ? Simple ! On se met en boule et on se laisse tomber... les piquants amortissent la plupart des chocs. C’est également, paraît-il, un bon nageur, bien qu’il n’aille pas à l’eau très volontiers.
Erinaceus europaeus
est sur Terre depuis fort longtemps: ses ancêtres fréquentaient les Dinosaures !
La Hulotte, le journal le plus lu dans les terriers, lui a consacré son numéro 77. On y apprend des tas de choses extraordinaires sur sa vie, ses moeurs, ses problèmes...
Tiens, en passant, savez-vous que pour lui, la semaine de 21 heures, ça marche ? Nous avons encore de grands progrès à faire, nous autres pauvres Humains, qui pensons que le travail c’est la santé...
Chaque année, entre septembre et mars, le Hérisson se met aux abonnés absents... il hiberne. (Toujours ça de pris.)
L’été, il se rattrape par une activité démentielle qui ne lui laisse plus que 18 h de sommeil par jour. Stakanov peut aller se rhabiller... “Que voulez-vous, 3-4 petites heures de travail lui suffisent chaque nuit pour trouver largement de quoi se rassasier... et même accumuler un peu de graisse pour l’hiver. Après une journée passée à se la couler douce au fond de son nid, le Hérisson a une faim de loup. A la lueur du clair de lune, ou même dans la nuit totalement noire, il explore en zigzag les prairies et les lisières, le nez au ras des pâquerettes, changeant sans cesse de direction et de vitesse. Ronflements bruyants, soupirs, piétinements, froissement de feuilles: lorsqu’il chasse le Hérisson est tout sauf discret”. S’il a la vue basse, il a, par contre, l’ouïe fine: il entend un Ver de terre se glissant sous les feuilles morts !
Citations et proverbes
"Il n'y a pas de moyen pour polir le hérisson." (Aristophane)
"Il en est de l'argent comme du hérisson, plus facile à saisir qu'à retenir."
(Archiloque)
"La misanthropie est presque toujours une grande vanité cachée sous une peau de hérisson."
(Honoré de Balzac)
"Le renard sait beaucoup de choses, le hérisson n'en sait qu'une, disaient les anciens : il sait se défendre sans combattre, et blesse sans attaquer"
(Buffon)
"Quand le hérisson n'en a plus pour longtemps à vivre, il trouve qu'il fait trop chaud dans les buissons"
(Proverbe africain)
"Le hérisson frotte sa tête contre ses piquants et les trouve mous."
(proverbe kurde)
"Le poing tue le hérisson, mais la main n'ose pas."
(Proverbe peul)
"Il en est de l'argent comme du hérisson, plus facile à saisir qu'à retenir."
(Archiloque)
"La misanthropie est presque toujours une grande vanité cachée sous une peau de hérisson."
(Honoré de Balzac)
"Le renard sait beaucoup de choses, le hérisson n'en sait qu'une, disaient les anciens : il sait se défendre sans combattre, et blesse sans attaquer"
(Buffon)
(Proverbe africain)
"Le hérisson frotte sa tête contre ses piquants et les trouve mous."
(proverbe kurde)
"Le poing tue le hérisson, mais la main n'ose pas."
(Proverbe peul)
Poème
(d’un ami)
Le Hérisson
Tu trottes dans le noir, croquant avec délices
sauterelle ou limace au hasard de tes pas.
Et l'on t'entend parfois, dans la nuit, qui te glisses
au travers d'un buisson ou de feuilles en tas.
Toi qui grognes de joie devant un bel insecte
et te roules en oursin aux mains du jardinier,
faisant hurler le chien, je t'aime et te respecte,
vieux routier de la nuit, brigand du potager !
Dago
Tu trottes dans le noir, croquant avec délices
sauterelle ou limace au hasard de tes pas.
Et l'on t'entend parfois, dans la nuit, qui te glisses
au travers d'un buisson ou de feuilles en tas.
Toi qui grognes de joie devant un bel insecte
et te roules en oursin aux mains du jardinier,
faisant hurler le chien, je t'aime et te respecte,
vieux routier de la nuit, brigand du potager !
Dago
Dans Tendre Bestiaire:
“Le hérisson, chez nous autres hommes, n’a pas la réputation qu’il mérite. Parce qu’il se met en boule dès qu’il se sent en danger, parce qu’en hérisson qu’il est il hérisse alors les piquants dont la nature l’a pourvu, il est devenu le symbole des insociables et des grincheux...
Tout cela est très injuste. “Se mettre en boule” tous les piquants dehors, ce n’est pas braver son prochain, c’est refuser d’être écharpé, bouilli, mangé. Du moins pour le hérisson.
Voyez un chien de chasse aux prises avec ce mangeur d’insectes. Piété raide sur ses pattes arrière et sur une patte de devant, tout le corps tendu, frémissant, la queue droite, la quatrième patte en suspend, très circonspecte, il aboie à s’étrangler. De temps en temps, bridé par une prudence qui jure avec sa frénésie et qui la rend dérisoire, il risque un semblant de toucher. La patte levée s’avance, les ongles retraits, effleure à peine, et se retire comme sous une décharge électrique. Cela relance une rafale d’aboiements, d’invectives, de défis délirants. Et cependant le hérisson, strict, hermétique, sphère intégrale de toute part acutée, écoute battre son coeur dans les brefs intervalles où le braillard reprend son souffle. On croirait impossible qu’il puisse bouler davantage. Et pourtant, si: à petites secousses tressaillantes, tétaniques, ses muscles se contractent encore. Pas une bourse de ladre dont les cordons puissent mieux fermer l’issue. Et c’est lui, finalement, qui marquera le dernier point. Ecoeuré, piteux, la queue basse, l’aboyeur quittera la partie.
Vive donc le hérisson, Messieurs !”
Maurice Genevoix.
Tout cela est très injuste. “Se mettre en boule” tous les piquants dehors, ce n’est pas braver son prochain, c’est refuser d’être écharpé, bouilli, mangé. Du moins pour le hérisson.
Voyez un chien de chasse aux prises avec ce mangeur d’insectes. Piété raide sur ses pattes arrière et sur une patte de devant, tout le corps tendu, frémissant, la queue droite, la quatrième patte en suspend, très circonspecte, il aboie à s’étrangler. De temps en temps, bridé par une prudence qui jure avec sa frénésie et qui la rend dérisoire, il risque un semblant de toucher. La patte levée s’avance, les ongles retraits, effleure à peine, et se retire comme sous une décharge électrique. Cela relance une rafale d’aboiements, d’invectives, de défis délirants. Et cependant le hérisson, strict, hermétique, sphère intégrale de toute part acutée, écoute battre son coeur dans les brefs intervalles où le braillard reprend son souffle. On croirait impossible qu’il puisse bouler davantage. Et pourtant, si: à petites secousses tressaillantes, tétaniques, ses muscles se contractent encore. Pas une bourse de ladre dont les cordons puissent mieux fermer l’issue. Et c’est lui, finalement, qui marquera le dernier point. Ecoeuré, piteux, la queue basse, l’aboyeur quittera la partie.
Vive donc le hérisson, Messieurs !”
Maurice Genevoix.
Dico
LE HERISSON: Mammifère de l’ordre des insectivores, à corps couvert de piquants sur le dos. Le hérisson est utile car il détruit insectes, vers, mollusques, reptiles. Longueur 20 cm.
2 commentaires:
Alala, combien de fois j'ai failli me retrouver dans le fossé parce que, un crapaud, parce que, un hérisson, au milieu de la route, et moi dans la voiture avec toute la famille. C'est pas un truc réfléchi. C'est un putain de réflexe. Mais si on lit "les idées noires" de Franquin, certains ferait la même chose mais spécialement pour choper la bestiole !!! Non je peux pas le croire. Il était dépressif André et il voyait le mal partout. Ça n'existe pas les ceux qui tuent pour le plaisir, ba !
Penses-tu ! et Canelle ?
Frankin encore un catastrophiste ?
Regarde bien. Si par malheur tu vois un Hérisson écrasé, regarde bien où il se trouve. Des fois, c'est impossible que là où il est, la personne n'a pas fait exprès!
En tous cas, moi, j'ai assisté personnellement au coup de volant d'un conducteur pour tuer un Lapin pris dans les phares...
Alors, pour ces humains pas humains, pourquoi pas un Hérisson ?
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