jeudi 10 juillet 2008

M comme Moineau

Je ne sais pas si chez vous c’est pareil, mais nous sommes actuellement envahis par une bande de Moineaux turbulents, piaillant, se querellant, s’ébouriffant, se volant dans les plumes... si vifs, si drôles et si sûrs d’eux qu’ils intimident même les Mésanges, c’est peu dire ! De vraies têtes de piafs, quoi.
Il paraît que le Moineau domestique est un vrai champion de l’adaptation. Moineau des villes, certes, mais ex - Moineau des champs. Campagnard d’origine, sa rencontre avec les premiers peuples agriculteurs il y a 10 000 ans a fait “tilt” et il s’est découvert une passion pour le genre humain qui ne s’est pas démentie depuis... A peine croyable, non ? Et ce à tel point qu’il quitte les villages qui se dépeuplent et adopte tout territoire conquis par l’Homme.




Passer domesticus


n’est pas si domestique que ça. C’est un Oiseau 100% sauvage mais qui nous a apprivoisés.
Au fait, pourquoi “moineau” ? Serait-ce parce que Monsieur Moineau possède une tache grise au sommet du crâne qui ressemblerait à une tonsure de... moine? Moine -> Moineau... ben oui.

En période nuptiale, Monsieur Moineau arbore une bavette noire extrêmement seyante, dont il est très fier, et qu’il montre avantageusement à toute belle passant à sa portée. Et il paraît que les demoiselles Moineau apprécient... plus la bavette est grande, plus le succès est assuré...
Fut un temps, pour une espèce bipède, le port de la barbe rencontrait le même succès... (!)

Le Moineau domestique chuchète, chuchote, pépie... nous avons tous retenu le “tchip, tchip” caractéristique qui lui a, paraît-il, valu le nom de “piaf”.

Omnivore et opportuniste, il se nourrit de grains, d’Insectes, de larves, de Vers de terre, d’Araignées, de miettes de pain, de mégots, de restes de sandwichs... mais aussi de bourgeons de fruits, ce qui le rend impopulaire auprès des jardiniers. Et ce n’est pas parce qu’on fréquente halls de gare, terrasses des cafés et autres lieux de passage qu’on ne sait pas tenir son plumage: la moindre flaque d’eau est prétexte à baignades après, si possible, un bon bain de poussière...

Citations et proverbes.



"Les Moineaux se baignent dans l'arc-en-ciel dont le soleil enlumine la poussière d'eau des arrosages égrenée sur l'herbe fine."
(Guy de Maupassant)
"Un défaut de la vitre, et le Moineau est un Aigle sur le toit."
(Jules Renard)

"La notoriété est à la gloire ce que le Moineau de Paris est à l'oiseau de Paradis."
(Edmond Jaloux)
"Deux Moineaux sur le même épi ne sont pas longtemps unis."
(Miguel de Cervantès)
"Une égalité d'Aigles et de Moineaux, de Colibris et de Chauves-souris, qui consisterait à mettre toutes les envergures dans la même cage et toutes les prunelles dans le même crépuscule, je n'en veux pas."
(Victor Hugo)


"La Mante religieuse attrape la Cigale, mais le Moineau guette derrière."
(Proverbe chinois)
"Tous les Moineaux périraient si le Chat avait des ailes."
(Proverbes danois)
"Le Moineau dans la main vaut mieux que la Grue qui vole."
(Proverbe français)
"
La parole n'est pas un Moineau ; une fois envolée, tu ne la rattraperas plus."
(Proverbe russe)
"L'amour est un nid de Moineau que l'on ne rebâtit pas après l'avoir détruit"
(proverbe turc)

Poète et poésie
(prétexte pour un poème que j'aime)



La plus drôle des créatures

Comme le scorpion, mon frère,
Tu es comme le scorpion
Dans une nuit d’épouvante.

Comme le moineau, mon frère,
Tu es comme le moineau
Dans ses menues inquiétudes.

Comme la moule, mon frère,
Tu es comme la moule
Enfermée et tranquille.


Tu es terrible, mon frère,
Comme la bouche d’un volcan éteint.


Et tu n’es pas un, hélas,

Tu n’es pas cinq,
Tu es des millions.

Tu es comme le mouton, mon frère,
Quand le bourreau habillé de ta peau
Quand le bourreau lève son bâton

Tu te hâtes de rentrer dans le troupeau

Et tu vas à l’abattoir en courant, presque fier.


Tu es la plus drôle des créatures, en somme,
Plus drôle que le poisson
Qui vit dans la mer sans savoir la mer.


Et s’il y a tant de misère sur terre

C’est grâce à toi, mon frère,

Si nous sommes affamés, épuisés,

Si nous somme écorchés jusqu’au sang,

Pressés comme la grappe pour donner notre vin,

Irai-je jusqu’à dire que c’est de ta faute, non

Mais tu y es pour beaucoup, mon frère.


Nazim Hikmet, 1948.

Le Bestiaire sans oubli... les Moineaux lycéens



“Nous entendions alors les moineaux qui piaillaient dans le feuillage des marronniers. C’étaient des moineaux lycéens. ils étaient querelleurs comme nous, braillards comme nous, effrontés comme nous; timides aussi, peut-être. Nous avions 16 ou 17 ans. C’est l’âge où la sensualité naissante aiguise ses pointes les plus vives.
Les moineaux, eux, faisaient poudrette et s’accointaient dans la poussière. Chaque soir, avant la nuitée, c’était au-dessus de nos têtes de jacassantes chamailles dans l’épaisseur des arbres prisonniers. Nulle part ailleurs, ni jamais, n’ai-je entendu plus discordant vacarme, excepté un soir, à Catane, au coeur d’un arbre immense de la via Etnaia...”

Maurice Genevoix.


Dico
LE MOINEAU: petit passereau conirostre et granivore, très commun dans les villes et à la campagne.